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ASpaceMR Episode 3.6 – Le ciel en travers

ASoundMR 10 juillet 2024


Background

Découvrez Uranus, cette planète mystérieuse qui a échappé aux regards jusqu’à sa découverte accidentelle en 1781 par William Herschel. Pourquoi a-t-elle failli porter de George ? Quelles sont ses étranges particularités ? Pourquoi ses saisons durent 42 ans, et ses vents atteignent jusqu’à 800 km/h ? Plongez dans les secrets de ses lunes, ses anneaux discrets et les théories sur des océans de diamants cachés.

Un voyage captivant entre science, mythologie et exploration spatiale !


Crédits

  • Phil_Goud : Ecriture et narration
  • Asceptic Siliceum: Musiques
  • Redscape Factory : Montage et mixage

Générique : “Euphotic” Carbon Based Lifeforms (Interloper) 2015 Blood Music
Voix générique : Karine & Fanny

Texte de l’épisode

Nous avons déjà vues toutes les planètes du système solaires que nos ancètres de l’Antiquité connaissaient.

Les planètes que nous allons maintenant découvrir, sont des planètes tellement éloignées qu’il a fallu attendre 1781 pour que la première d’entre elle soit découverte

L’histoire de Georges et de ses lunes

Cela veut dire qu’il aura fallu un siècle et demi après l’observation de satellites autour de Jupiter pour que la 7e planète du système solaire, Georges, soit découverte.

Car Georges est si éloignée, à 19.2 unités astronomique, que sa période de révolution est de 84 ans environ.

Si la Terre est la planète dont la révolution marque nos anniversaires, une révolution de Georges marque alors une vie déjà bien longue.

Et c’est d’ailleurs une des raisons pour laquelle cette planète a mis autant de temps à être découverte. Elle se déplace extrêment lentement dans notre ciel. Or, on l’a vu, c’est comme cela que l’on distingue une étoile d’une planète, par une position changeante par rapport aux étoiles.

Georges a été découvert par accident en 1781, donc, par William Herschel, un astronome amateur britannique qui cherchait à identifier de nouvelles comètes. Il a remarqué un objet qui semblait bouger lentement par rapport aux étoiles environnantes, et a finalement réalisé qu’il s’agissait d’une nouvelle planète.

Mais cela ne veut pas dire que la planète Georges a été vue pour la première fois en 1781, non. On a des traces de son existence, ou en tout cas on suppose que c’est bien Georges, au vu de la position indiquée, dans des cartes du ciel plus d’un siècle avant notre ère sur une carte créée par le grec Hipparque, elle-même reprise par Ptolémée.

Elle dispose d’une étoile qui ne semble correspondre à aucune observable de nos jours et qui correspondrait à la position de Georges à l’époque.

Parlons de son appellation, maintenant. Parce qu’une planète qui s’appelle Georges, je suis certain que tu n’en connais pas. Et il y a une raison à cela.

Nevil Maskelyne, astronome britanique lui aussi, propose à William Herschel de choisir le nom de la planète, ce droit lui revenant en tant que découvreur.

Herschel alors décide de nommer l’objet Georgium Sidus ce qui signifie « l’étoile de George » ou la « planète géorgienne », en l’honneur de son nouveau mécène, le roi d’Angleterre de l’époque, George III.

Il explique cette décision en déclarant que dans l’Antiquité, les planètes étaient nommées d’après les noms des divinités de leur époque et que dans l’ère actuelle, il ne serait guère admissiblei d’avoir recours à la méthode archaïque pour nommer ce nouveau corps céleste.

Aussi, l’important pour le désigner est de savoir par son nom quand il a été découvert.

Le nom de Georgium Sidus se présente donc comme une appellation permettant de fournir l’information du pays et de l’époque où et quand la découverte a été faite, par le nom du souverain.

Cependant, le nom proposé par Herschel, jugé un peu politique et assez anglo-centré, n’est pas populaire en dehors de la Grande-Bretagne et des alternatives sont rapidement proposées. L’astronome français Jérôme Lalande suggère par exemple que la planète soit nommée Herschel en l’honneur de son découvreur. Cela aurait du sens, comme pour les plus gros satelittes de Jupiter, nommés satelittes galiléens.

L’astronome suédois Erik Prosperin propose le nom de Neptune, ce qui est alors soutenu par d’autres astronomes.

Dès 1781, l’année de la découverte de cette nouvelle planète, Johann Bode propose déjà Uranus, comme tu le sais, la version latinisée du dieu grec du ciel, Ouranos. Bode fait valoir que le nom devrait suivre la mythologie afin de ne pas se démarquer de ceux des autres planètes, et qu’Uranus est un nom approprié en tant que père de la première génération des Titans. Il note aussi l’élégance du nom en ce que, tout comme Saturne était le père de Jupiter, la nouvelle planète devrait être nommée d’après le père de Saturne.

Finalement, la suggestion de Bode devient la plus largement utilisée et est reconnue universelle en 1850 lorsque le HM Nautical Almanac Office, qui rédige au royaume uni les cartes du ciel, encore aujourd’hui, dernier à toujours utiliser Georgium Sidus, délaisse finalement le nom proposé par Herschel pour Uranus.

Uranus possède une variété de traductions dans d’autres langues.

Par exemple, en chinois, japonais, coréen et vietnamien, son nom est littéralement traduit par « étoile du roi du ciel ».

En hawaïen, son nom est Heleʻekala, soit le nom dans ce langage, de son découvreur, Herschel.

Les deux premières lunes d’Uranus furent découvertes 6 ans après la planète, en 1787, mais ne reçurent pas de nom avant 1852, un an après que deux lunes supplémentaires eurent été découvertes. C’est John Herschel, fils de William, le découvreur d’Uranus, qui eut la responsabilité de les baptiser.

Pour continuer dans la problématique des dénominations controversées, John Herschel ne choisit pas les noms des lunes dans la mythologie grecque comme c’était souvent le cas, et ce malgré que depuis deux ans déjà, l’appellation Uranus était devenue universelle.

Il décida de choisir les noms parmi les esprits magiques de la littérature anglaise : les fées Obéron et Titania dans Le Songe d’une nuit d’été de William Shakespeare et les sylphes Ariel et Umbriel dans La Boucle de cheveux enlevée d’Alexander Pope, ou un esprit dans La Tempête de Shakespeare.

John Herschel aurait en effet estimé qu’il était logique qu’Uranus, dieu du ciel et de l’air, soit accompagné d’esprits de l’air. Décidément, dans cette famille, on aime déroger aux règles en place.

Les noms des satellites découverts au xxe siècle ne suivent pas le thème des esprits de l’air (à l’exception de Puck et Mab).

Les noms sont désormais choisis parmis les personnages des œuvres déjà utilisées pour d’autres satellites par Herschel. Miranda, découverte en 1949, fut nommée par son découvreur Gerard Kuiper d’après un personnage de La Tempête de Shakespeare.

La pratique actuelle de l’Union astronomique internationale consiste à tirer les noms des satellites des personnages des pièces de Shakespeare.

Seuls Ariel, Umbriel et Belinda ont des noms issus de la pièce  “La Boucle de cheveux enlevée”, tous les autres ont pour origine les œuvres de Shakespeare. À l’origine, toutes les lunes extérieures devaient leur nom à une seule et unique pièce, La Tempête.

Cependant, cette tendance s’est arrêtée car la lune Margaret est nommée d’après “Beaucoup de bruit pour rien”, toujours une pièce de Shakespeare.

Mais je reparlerai rapidement des satellites d’Uranus plus tard. Concentrons-nous sur la planète, tout d’abord.

Généralités sur Uranus

Ce qui saute aux yeux en premier, c’est forcément sa couleur bleu-vert, due à la composition de son atmosphère, ponctuée parfois de tâches blanches. La Terre n’est donc pas la seule planète de notre système à être une planète bleue.

Uranus est probablement une des planètes les plus intrigantes du système solaire.

Et elle a aussi une part de mystère, mais pas seulement car nous avons moins de données que les autres planètes. Elle a des caractériques bien particulières, pour certaines inédites jusqu’à présent dans les planètes que nous avons visitées, pour d’autres, uniques dans tout le système solaire.

Elle est, comme on l’a vu, la septième planète à partir du Soleil, et elle est, après Jupiter et Saturne, la troisième la plus grande en taille.

D’une taille conséquente, elle reste modeste face aux géantes gazeuses que nous avons vues. Environ 4 Terres de diamètre seulement, comparé à des tailles de l’ordre de 10 Terres pour Saturne et Jupiter.

Sa distance avec le Soleil de 19.2 unités astronomiques. Cela correspond, à notre échelle réduite où le Soleil est un ballon de basket, un demi kilomètre, 10 piscines olympiques. Même à cette échelle ridicule, tu dois commencer à avoir du mal à visualiser intuitivement à quoi cela peut correspondre. C’est entre 800 à 900 pas. C’est loin, tellement loin.

Alors réduisons encore plus l’échelle. On va la diviser par 10. Si le Soleil était désormais de 2.5cm, de la taille d’une pièce de 2€, la Terre serait à 2m et demi environ (la hauteur sous plafond de la majorité des maisons), d’un diamètre correspondant à la plus fine mine de porte-mine disponible sur le marché, Jupiter à 14m, de la taille d’une tête d’épingle de 2.5mm de diamètre, Saturne serait à 25m, soit la taille de la majorité des piscines municipales, et Uranus serait à un peu plus de 50m, soit le double, ou la longueur d’une piscine olympique.

Elle est plus éloignée de Saturne, quand elle est au plus proche d’Uranus, que Saturne ne l’est du Soleil. Entre elles existe donc un vide interplanétaire de 9.7 unités astronomiques, une distance absolument inimaginable. Sur notre dernière échelle très réduite, tu l’auras intuité, cela fait plus de 25 m.

A cette distance, elle reçoit près de 370 fois moins de lumière que la Terre. Autant te dire que la température sur Uranus est très froide, entre -226 et -197 °C. Mais comme Saturne et Jupiter, son coeur ne devrait pas permettre une température aussi basse, il devrait réchauffer la planète.

C’est donc beaucoup trop froid.

Pour rappel, le zéro absolu, la température en dessous de laquelle il est impossible de baisser est de -273,14 °C.

L’univers lui-même n’atteint pas cette température. On estime que la température du vide interstellaire est de -270,45 °C. On en est donc très proches.

La différence entre la température de l’Univers et celle d’Uranus, entre 40 et 70°C, ce n’est pas à des magnitudes très éloignées de la différence qu’il y en a entre la température lors d’une canicule et celle lors d’une vague de froid, dans une ville au climant plutôt continental, comme Toulouse, par exemple.

Uranus n’est pas considérée comme une géante gazeuse, mais une géante de glace.

Car comme Neptune que nous verrons plus tard, et contrairement à Jupiter et Saturne, ces planètes ne sont pas principalement composées d’hydrogène et d’hélium, mais plutôt d’éléments volatils tels le méthane, l’ammoniac (qui lui donnent sa couleur) et l’eau. Ces matériaux sont appelés « glaces » en astrophysique, quel que soit leur état : solide, liquide ou autre… N’imagine donc pas des planètes complètement solides, cela reste du gaz… Enfin pas tout à fait…

Comme les autres planètes géantes du Système solaire, Uranus ne possède pas à proprement parler de surface solide. Mais comme pour Saturne, elle est composée en son centre d’un noyau rocheux solide.

Ce coeur est recouvert d’une couche liquide dense d’eau et d’ammoniac.

Au-dessus de ces liquides, l’atmosphère est surtout composée d’hydrogène et d’hélium, comme ses cousines gazeuses.

L’atmosphère d’Uranus semblerait assez calme. Mais ce n’est qu’une impression : les vents qui y soufflent sont parmis les plus puissants du Système solaire, pouvant atteindre 800 km/h. Mais contrairement à ce qu’on a vu précédemment, ce ne sont pas des vents localisés dans des tempêtes, mais bien les vents moyens, habituels sur Uranus.

Cela est dû à un différentiel de vitesse important entre les différentes couches : l’intérieur de la planète fait une rotation en 17 heures, mais sa haute atmosphère le fait en trois heures de moins.

Mais comme très peu de nuages sont visibles dans cette atmosphère bleutée, il n’y a pas d’élément qui nous permet de nous en rendre facilement compte.

D’ailleurs, une calotte blanche s’est formée depuis quelques années, on suppose qu’il pourrait s’agir d’un important nuage de méthane. C’est actuellement le milieu de l’été au pôle nord d’Uranus, et les scientifiques pensent que cela est la cause de la formation de cette calotte gazeuse.

En effet, les chercheurs auraient, lors de l’analyse de l’atmosphère d’Uranus, trouvé du sulfure d’hydrogène en grande quantité dans l’atmosphère de la géante glacée. Ce gaz, présent sur Terre, présente une odeur caractéristique d’œuf pourri. On le retrouve dans les émanations des volcans, des sources chaudes ou du gaz naturel.

Mais rassure-toi, si tu devais te retrouver sur Uranus, le froid et la composition de son atmosphère auraient raison de toi avant que tu puisses en sentir l’odeur nauséabonde.

Mais Uranus cache peut-être un trésor sous son odeur :

Selon certaines théories, il pourrait exister des océans de diamants comme pour Saturne, dans les couches profondes d’Uranus. Selon d’autres théories, un océan liquide pourrait potentiellement abriter une vie qui tirerait de ses gaz hydrocarbonnés, les nutriments dont elle aurait besoin, à la manière d’une méthanogénèse. Mais avec le peu de données dont nous disposons, rien n’est moins certain.

Mais ce dont on est sûrs et ce qui rend Uranus vraiment unique, c’est qu’elle est inclinée sur son axe de rotation à un angle de 98 degrés par rapport à son plan orbital. 90 dégrés c’est un angle droit, je te rappelle.

Si cela ne t’interpelle pas, sache que cela signifie que ses pôles sont quasiment situés sur le plan de son orbite autour du Soleil. Lors de l’été dans le l’hémisphère Nord, c’est en réalité tout l’hémisphère Nord qui est éclairé, l’hémisphère Sud, lui est dans la nuit.

Et lors des équinoxe, c’est un éclairage semblable à celui de la Terre pendant un équinoxe, mais avec la planète qui tourne à l’horizontale par rapport au plan de l’écliptique, au lieu d’être plutôt vertical, comme la Terre.

Cette inclinaison extrême donne lieu à des saisons très longues et bizarres sur Uranus, avec des périodes avec majoritairement du Soleil pendant 42 ans suivies majoritairement de la nuit pendant 42 années. Au final, la même logique d’ensoleillement que nos pôles mais appliqué à toute la surface de la planète.

Cela nous amène à penser que nous sommes chanceux de ne pas être dans cette orientation de rotation, qui n’aurait probablement pas été aussi propice à la vie que la notre.

Outre les caractéristiques mentionnées précédemment, Uranus est également unique pour son champ magnétique, qui est très différent de celui des autres planètes géantes du système solaire. Son champ magnétique est incliné de plus de 60 degrés par rapport à son axe de rotation, ce qui signifie qu’il est presque parallèle à son plan orbital. Cela suggère que l’origine de son champ magnétique est différente de celle des autres planètes géantes.

Mais pourquoi Uranus est penchée avec un angle si important, quand aucune autre planète n’est dans cette situation ?

Le scénario tu l’imagines bien, est celui d’une collision immense. Il semblerait que cela soit souvent la raison des inclinaisons. En même temps, les simulations montrent que sans perturbation, les planètes auraient tendance à tourner dans un axe perpendiculaire au plan de leur orbite. Donc il faut bien une raison pour que cette tendance soit perturbée.

Et au vu de l’inclinaison de 98°, Uranus a du subir un terrible choc, que l’on estime avoir eu lieu  il y a 4 milliards d’années.

Voilà ce que l’on imagine à l’heure actuelle : Percutant son pôle Nord à 20 km/s, une protoplanète de glace d’une masse deux fois supérieure à celle de la Terre n’aurait mis qu’une trentaine d’heures à coucher littéralement la géante sur son orbite.

Puis, elle aurait été totalement déchiquetée et assimilée par Uranus, formant une couche de glace entre son manteau et sa profonde atmosphère.

Une couche isolante qui, depuis lors, empêche la matière chaude du cœur de remonter à la surface… Ce qui résout du même coup un autre de ses mystères : pourquoi, elle a l’atmosphère la plus froide du Système solaire.

Le fer initialement contenu dans le cœur de cette planète en collision avec Uranus pourrait aussi contribuer à expliquer l’angle atypique du champ magnétique. Mais, pour le confirmer, il faudra encore améliorer la résolution des simulations, et/ou de nouvelles observations, des données supplémentaires.

Il reste encore à vérifier notamment si la matière restée en orbite après le choc pourrait s’être condensée pour donner naissance aux 27 satellites d’Uranus, comme on pense que cela s’est produit pour la Terre et la Lune.

D’ailleurs parlons des lunes d’Uranus. Pas toutes, évidemment, mais les plus importantes, les plus intéressantes et les plus prometteuses.

Lunes d’Uranus

Les lunes d’Uranus sont très différentes les unes des autres, avec des tailles et des caractéristiques géologiques très variées.

Grâce à l’analyse de données rapportées par la sonde Voyager, des chercheurs se sont penchés sur les cinq plus grosses lunes d’Uranus et ont évalué la possibilité d’un océan sous leur croûte glacée.

Titania, Oberon, Umbriel, Ariel et Miranda ont ainsi été scrutée.

Et, à la surprise générale, quatre d’entre elles pourraient bien posséder des océans.

Et surtout Titania, la plus grande, ayant un diamètre de 1 580 kilomètres deux fois plus petit que celui d’Europe. Selon l’étude, si l’un de ces corps recèle un océan, son épaisseur ne dépassera pas 50 kilomètres, voire 30 kilomètres pour Arien et Umbriel. Une estimation faite grâce à une modélisation des structures internes de chaque satellite, basée à la fois sur les connaissances des autres lunes connues, et sur les données de Voyager 2 et des observations faites au sol.

Voilà pourquoi il est important d’étudier tous les corps de notre système : certaines observations permettent de faire des théories que l’on peut appliquer au-delà du seul corps observé.

En revanche, leur conclusion pour Miranda, la plus petite, est peu encourageante : si la lune uranienne avait abrité un océan, il serait déjà gelé. En effet, les modélisations montrent qu’elle perd de la chaleur trop rapidement à cause de sa surface fragmentée, et qu’aucun phénomène ne permettrait de la chauffer suffisamment.

En revanche elle a un intérêt particulier : elle présente un paysage chaotique parsemé de falaises et de canyons qui défient notre compréhension actuelle des processus géologiques.

Pour les autres, un océan reste possible. La porosité évaluée par les chercheurs se révèle bien plus faible, signifiant que ces satellites perdent bien moins de chaleur. Et la glace, aurait « enfermé » la surface de la lune, lui permettant de garder sa chaleur interne, à la manière d’un thermos, ou pour être plus précis, d’un igloo capable de garder la chaleur. Mais les plus petites lunes de ce groupe créent néanmoins très peu de chaleur, donc le doute persiste.

Pour Titania et Obéron, les deux plus gros satellites d’Uranus, le bilan est beaucoup plus positif : étant plus massifs, les effets de marée dus à la planète qu’ils orbitent permettent un chauffage plus intense.

Ils pourraient ainsi abriter un océan plus épais, et surtout plus chaud, et donc potentiellement habité ! Des observations récentes au télescope des lunes uraniennes ont détecté sur leurs surfaces de la glace de dioxyde de carbone, CO2, et peut-être des espèces contenant de l’ammoniac et de l’ammonium (de l’ammoniac avec un atome d’hydrogène supplémentaire).

Ces éléments ayant comme particularité d’avoir des propriétés antigel.

En termes d’exploration spatiale, Uranus n’a été visitée qu’une seule fois par la sonde Voyager 2 en 1986. Des propositions de missions futures ont été faites pour explorer Uranus de plus près, notamment en envoyant des sondes pour étudier ces lunes potentiellement habitables de la planète et pour en apprendre en général davantage sur son atmosphère et son champ magnétique.

Et l’une des découvertes de Voyager 2, à l’époque, sont certains anneaux d’Uranus.

Les anneaux d’Uranus

Le système d’anneaux autour d’Uranus est mentionné pour la première fois en 1789 dans les notes de William Herschel, peu après la découverte de la planète elle-même. L’astronome y consigne ses observations de la planète, soupçonnant l’existence d’un anneau.

Herschel dessine un petit schéma de l’anneau et note qu’il « tire un peu sur le rouge ».
La véracité de l’observation initiale des anneaux par Herschel, que plusieurs générations d’astronomes ne sont pas parvenus à confirmer par la suite, est mise en doute par la communauté scientifique. Certains pensent que Herschel ne pouvait pas avoir découvert les anneaux, compte tenu des limitations des instruments de l’époque. Ceux qui créditent Herschel de cette découverte avancent comme argument que l’astronome a donné des descriptions exactes de l’anneau ε (epsilon), de sa taille par rapport à celle d’Uranus, de ses changements d’aspect le long de l’arc d’orbite observé, et de sa couleur.

La découverte, ou redécouverte, des anneaux d’Uranus est réalisée par hasard le 10 mars 1977 par des astronomes qui veulent utiliser l’occultation d’une étoile par Uranus pour étudier l’atmosphère de cette planète. Or l’analyse de leurs observations met en évidence que l’étoile a été brièvement masquée à cinq reprises avant et après l’occultation par Uranus ; les trois astronomes concluent à la présence d’un système d’anneaux étroits. Dans leurs articles, ils désignent les cinq occultations observées par les cinq premières lettres de l’alphabet grec : α (alpha), β (beta), γ (gamma), δ (sigma) et ε (epsilon). Ces désignations seront désormais utilisées par la suite pour nommer les anneaux. Ce n’est pas très poétique, mais pas moins que pour Saturne au final.

Mais ils sont en réalité plus nombreux et divisés en trois groupes : neuf anneaux principaux étroits (ceux observés précédemment) , deux anneaux de poussières et deux anneaux externes (découverts par des observation plus récentes, dont Voyager 2 et Hubble).

Les anneaux d’Uranus sont constitués principalement de particules macroscopiques, composés de matériaux plutôt sombres, et renferment peu de poussières, celles-ci étant localisées surtout dans les anneaux de poussières (comme leur nom l’indique).

Ces anneaux orbitent autour de la planète au niveau de son équateur, et sont donc, comme Uranus, inclinés de manière atypique par rapport aux autres planètes.

Conclusion

Il est indéniable que la planète Uranus est l’un des joyaux les plus de notre système solaire, et elle mérite sans aucun doute une attention beaucoup plus soutenue de la part de la communauté scientifique. Malgré les nombreux défis posés par sa distance de la Terre, Uranus offre une richesse de découvertes potentielles qui pourraient non seulement élargir notre compréhension de la formation et de l’évolution des planètes, mais également une piste pour trouver de la vie bien au-delà de ce que l’on imaginait initialement.

Ses caractéristiques uniques, dont son axe de rotation presque perpendiculaire à son plan orbital qui en fait une planète « couchée », son atmosphère si particulière avec ses vents violents et la présence de méthane qui crée des conditions atmosphériques unique et des variations de température impressionnantes. L’étude de ces phénomènes pourrait fournir des informations cruciales sur la dynamique atmosphérique et la formation des atmosphères planétaires en général.

De plus, la planète géante de glace est également le théâtre de phénomènes magnétiques mystérieux, dont l’origine n’est pas encore entièrement comprise. Comprendre ces champs magnétiques et leurs interactions avec l’ensemble du système d’Uranus pourrait contribuer à éclairer les mécanismes de génération des champs magnétiques planétaires en général, ce qui aurait des implications profondes pour notre compréhension de l’évolution des planètes.

Alors que nous en sommes à notre 3ème planète composée de gaz, nous pourrions penser qu’elles se ressemblent toutes et pourtant nous quittons une planète tout autant unique que les précédentes, avec une rotation et un champs magnétique aux propriétés jamais vues jusqu’alors.

Difficile de ne pas être un peu chauvins, fiers de vivre au sein d’un système stellaire composé d’objets si uniques, joyaux orbitant autour de cette sphère en fusion que l’on associe à la vie, mais qui pourrait être que l’une des multiples sources d’énergie d’autres formes de vie dans notre voisinage cosmique.

Comment ne pas se surprendre alors à rêver des possibilités d’exoplanetes quand notre système est si hétéroclite et où les conditions propices à une présence hypothétique de vie sont aussi nombreuses.

Neptune nous attend. Et après avoir découvert tant de petits détails uniques lors de chacunes de nos destinations, j’ai hâte de la rencontrer. Alors éloignons-nous d’Uranus, penchons nous aussi la tête en signe d’adieu et partons vers le dieu des mers et des océans.

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