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Acte 3.2 – Les mondes infernaux

ASpaceMR 29 juillet 2023


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Texte de l’épisode

Introduction

On l’a vu ensemble, les planètes ont été découvertes car elles se déplaçaient dans le ciel au fur et à mesure de l’année alors que les étoiles ne font que suivre la rotation de la voûte céleste, paraissant comme figées sur place.

D’où le nom de planètes, signifiant errant en grec.

Mercure 

Et nous allons commencer par parler de la planète qui se déplace le plus vite dans notre voûte céleste, si vite d’ailleurs, qu’on lui a donné le nom du dieu du voyage : Mercure.

Elle est connue depuis la nuit des temps, très probablement avant l’Antiquité, étudiée par les grecs, les romains, les babyloniens, les chinois, bref, toutes les civilisations dont on a des traces font état de Mercure.

Cette première planète est sur une orbite plutôt elliptique, ovale, qui va de 0.3 à 0.5 unités astronomiques du Soleil. 

Je te rappelle que l’unité astronomique est l’unité de référence dans le système solaire, soit la distance Terre-Soleil. Elle n’est donc pas SI près du Soleil que tu peux l’imaginer, entre un tiers et la moitié du chemin entre la Terre et le Soleil.

De la même couleur grise que notre Lune, on pourrait croire qu’il y règne une température absolument infernale, pourtant ce n’est qu’à moitié le cas : côté soleil, effectivement, la température peut atteindre plus de 400 °C, mais côté non éclairé, en l’absence d’atmosphère pour garder la chaleur, la température peut chuter jusqu’à -170°C.

Si on veut être précis, Mercure a une couche de gaz autour d’elle, mais on appelle ça une exosphère. Sur Terre, c’est la couche la plus externe de notre atmosphère, où les gaz sont extrêmement peu denses et où l’impact sur la chaleur ou la protection des rayons solaires est quasi-nulle.

De la même manière que la Lune présente un côté unique à la Terre, Mercure tourne très peu sur elle-même dû à l’attraction du Soleil qui ralentit peu à peu sa rotation et qui l’arrêtera probablement un jour, par effet de marée. 

Un jour sur Mercure est égal à plus de 58 jours sur Terre, ce qui fait moins de 2 rotations de Mercure sur elle-même pour chaque tour autour du Soleil. Lorsqu’elle n’effectuera plus qu’une rotation sur elle-même par révolution, comme la Lune, elle présentera alors toujours la même face à notre étoile.

Globalement, selon l’état de nos connaissances, on peut considérer Mercure comme une planète quasi inerte, où il y règne des températures qui semblent antinomiques, placé à proximité de ce que nous, humains, appelons « Soleil », mais qui, aux yeux de ceux qui se seraient posés sur Mercure, aurait l’allure d’un monstre cosmique de 2 à 3 fois la taille que nous observons et qui vous brûle de ses rayons.

Si aucune atmosphère significative n’est présente sur Mercure, c’est parce que le Soleil balaye toute atmosphère potentielle avec les vents solaires.

Le vent solaire c’est un gaz ionisé appelé plasma, composé principalement d’électrons et de protons. Il est continuellement éjecté de la haute atmosphère du soleil dans toutes les directions vers l’espace interplanétaire et interstellaire. Une autre indication de son existence est liée à l’observation des queues de comètes qui sont systématiquement orientées à l’opposé du Soleil lorsqu’elles passent à sa proximité et fondent par la chaleur de notre étoile.

Mais revenons à notre véloce planète grise.

La taille de Mercure est si petite que depuis que Pluton n’est plus comptée comme une planète, c’est devenu la plus petite planète de notre système solaire. Son diamètre est si faible qu’il est environ égal à la distance à vol d’oiseau du sud du Maroc au nord de la Finlande, c’est à dire un peu moins de 5000 km. 

Pour rappel, la Lune ne fait que 3500 km de diamètre, soit tout juste 1500 km de moins. Ce n’est rien. La Terre a un rayon 2 fois et demi plus grand que Mercure.

Mais tout comme la Terre, Mercure est ce qu’on appelle une planète tellurique, composée en son sein d’un noyau de fer, sur lequel réside un manteau de magma et enfin une croûte qui en est la surface. 

Avec ce noyau, Mercure dispose d’un champ magnétique important, comme la plupart des planètes du système solaire. Mais sa proximité avec le soleil fait que ce même champ ne protège pas assez des vents solaires.

Car comme beaucoup de phénomènes, comme la lumière elle-même, être 2 fois plus proche du Soleil que la Terre, c’est être 4x plus impacté.

Mercure a un noyau de fer absolument énorme en proportion comparé à celui de la Terre, il fait 85% de son rayon alors que celui de la Terre n’en compose que 55%.

Et malgré la proximité avec le Soleil, le cœur se refroidit doucement et en se refroidissant il se rétracte. Depuis la formation de Mercure, son diamètre s’est déjà réduit de 7 km.

Une autre différence majeure est que la Terre a des plaques tectoniques, des plaques de croûte qui dérivent sur le manteau, faisant se déplacer les continents, et à l’origine de tremblements de Terre, de volcans, de chaînes de montagne, mais surtout, renouvelant une partie de la croûte.

Mercure, quant à elle, a une croûte d’un seul tenant, elle ne se renouvelle donc pas et c’est une des raisons, en plus du manque d’atmosphère, pour lesquelles sa surface est aussi constellée de cratères.

Si Mercure est aussi rapide dans le ciel, c’est parce que cette planète se trouve au plus près du Soleil. Comme on l’a vu avec Kepler et avec les satellites de la Terre, plus on est près, plus la vitesse de rotation doit être élevée pour contrer la gravité de l’astre que l’on orbite.

Si la Terre fait le tour du Soleil en environ 365 jours, Mercure effectue une rotation complète en seulement 88 jours, à 161 000 km/h, alors que la Terre ne va qu’à “seulement” 107 000 km/h.

Cette différence de vitesse est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles il est si difficile de lancer des sondes pour aller visiter Mercure : Pour chuter vers le Soleil, il faut ralentir au maximum la sonde par rapport à la vitesse orbitale de la Terre autour de notre étoile, et calculer le bon moment pour se faire capturer et rester en rotation autour d’un corps avec une faible gravité et qu’elle ne dérive pas au-delà du champs gravitationnel de Mercure. Et tout cela avec des protections solaires capables de résister à la proximité de notre étoile. 

Bref, comme on dit, “c’est chaud”, dans tous les sens du terme.

En plus de cela, étant complètement hors de la zone habitable, Mercure ne propose pas de potentiel de colonisation ou de découverte de vie extraterrestre. Ce qui, comparé à d’autres corps de notre système solaire, baisse son intérêt auprès de la communauté scientifique… et du grand public, un aspect non négligeable sur les financements d’expéditions.

C’est pour cela que malgré sa proximité avec la Terre, Mercure est beaucoup moins visitée que des planètes plus éloignées telles que Jupiter ou Saturne.

Seules deux sondes ont visité Mercure dans l’Histoire : Mariner 10 qui fera 3 survols au milieu des années 70 et Messenger dédiée à Mercure entre 2011 et 2015, qui sont d’ailleurs à l’origine de la majorité des connaissances dont nous disposons à l’heure actuelle. 

On en sait aussi peu sur Mercure au final que sur Mars dans les années 70. Il reste donc beaucoup à apprendre sur cette planète trop injustement oubliée.

Mais de nouvelles missions sont envisagées dans le futur et je ne doute pas que l’on découvre des choses passionnantes sur cette petite planète grise, dont le destin s’est écrit comme un choc entre l’ombre et la lumière dans notre système solaire.

Venus

Éloignons-nous un peu du Soleil, quittons Mercure pour nous approcher de l’étoile du berger. 

Contrairement à ce que son nom indique, ce n’est pas une étoile, mais bien une planète. Elle parait si belle vue de la Terre qu’elle a reçu le nom de la déesse romaine de l’amour et de la beauté : Vénus.

La raison pour laquelle elle paraît si brillante est son atmosphère épaisse qui reflète une bonne partie des rayons solaires.

Elle a des dimensions proches de celles de la Terre, avec à peine 5% de différence en diamètre, et en gravité à sa surface, on les compare d’ailleurs souvent à des jumelles. 

Pendant longtemps et jusqu’aux premières missions spatiales dont elle a été la destination, nous pensions qu’elle abritait potentiellement la vie, beaucoup de vie.

Nous imaginions, cachée derrière les nuages, une faune et une flore tropicale luxuriante et une atmosphère humide propice à la vie cachée derrière les nuages de son atmosphère. Un jardin d’Eden en quelque sorte.

Mais on ne pouvait pas être plus éloigné de la réalité. A la place d’un paradis, nous avons découvert une planète qui représente la plus proche vision de l’enfer que l’on peut avoir dans notre système solaire. Des paysages désertiques et volcaniques, dominés par les couleurs rouge, jaune et brun foncé à perte de vue. Et pas une once de vie.

Elle est de toute façon juste en dehors de à la frontière intérieure de la zone habitable, orbitant à 0.72 unités astronomiques, presque ¾ de la distance entre le Soleil et la Terre.

Comme la Terre, elle a des continents et donc des chaînes de montagne et une forte activité volcanique avec près de 1600 volcans détectés.

Mais elle n’a pas une activité tectonique, comme la Terre, on pense que tous les 100 millions d’années environ, la croûte de Vénus atteint un état critique où tout la chaleur emmagasinée est relâchée, qui fait se remodeler quasiment entièrement sa surface en quelques millions d’années.

Mais alors pourquoi Vénus n’est pas ce paradis envisagé ?

Les températures sont tout d’abord extrêmement élevées : 460°C sur l’ensemble de la surface, exposée au soleil ou non, aux pôles comme à l’équateur.

C’est près du double de votre four lorsque vous faites un rôti.

C’est plus chaud encore que la surface éclairée de Mercure. 

Cela est dû à une atmosphère composée en majorité de dioxyde de carbone, le CO2, le gaz à l’origine du réchauffement planétaire sur Terre, qui capture la chaleur du Soleil qui arrive à pénétrer son épaisse couche nuageuse et la conserve, c’est ce qu’on appelle un effet de serre.

D’ailleurs, la luminosité est assez faible sur Vénus à cause de ses épais nuages qui recouvrent en permanence le ciel, reflétant vers l’espace 75% de la lumière du soleil et transformant les 5% restants de la lumière de notre étoile en un faible halo diffus lorsqu’on l’observe depuis la surface de la planète.. 

La météo n’est jamais bonne sur Vénus.

Sauf qu’ici, les nuages ne sont pas composés d’eau, mais d’acide sulfurique, d’acide chlorhydrique, de sulfate de fer et de chlorure d’aluminium. Il arrive même qu’il pleuve de l’acide corrosif dans les couches supérieures de l’atmosphère, sans jamais atteindre la surface à cause de la température qui les fait s’évaporer et remonter dans les nuages dès 300°C.

Et comme si cela ne suffisait pas, il faut ajouter une pression écrasante, 92 fois supérieure à celle de la Terre, équivalente à celle que l’on peut ressentir à 900m sous l’eau. N’essayez pas lors de votre prochaine sortie maritime : Le record de plongée avec bouteilles n’est “que” de 330m sous la surface de l’eau.

S’y déplacer de toute façon, serait un effort sur-humain. Un mètre cube d’air y pèse 67kg.

On peut d’ailleurs difficilement parler d’air, puisque c’est du CO2, mais surtout car c’est un gaz en état supercritique à cause de la pression, agissant à la fois comme un gaz et un liquide.

Impossible, tu l’imagines bien, dans ces conditions, de sortir vêtu d’une combinaison, ou même d’un scaphandre. Vous seriez broyé puis grillé sur place.

Vous pourriez imaginer alors trouver refuge sur l’un des massifs montagneux, plus frais et moins soumis à la pression… il y a même ce qui ressemble à de la neige.

Mais la température ne baisse qu’à environ 380°C et l’atmosphère y est toujours 44 fois plus forte que sur la Terre, ou celle à 450 m sous l’océan.

Et la neige quant à elle, est composée de cristaux de fer et de sulfure de plomb et non d’eau.

Décidément, tout est mortel sur Vénus.

La première mission vénusienne qui atteint l’atmosphère de la planète, Venera 4 n’a d’ailleurs même pas pu atteindre la surface et a été détruite, écrasée par la pression, alors qu’elle était encore à 18 km du sol, tant les conditions sont extrêmes.

Plus tard, deux autres sondes Venera 11 et 12, blindées, ont résisté un maximum de 2h et 7 min à la surface, nous fournissant les premiers clichés de ce monde dévasté.

Au sol, l’air est si opaque que la visibilité dans cette brume vénusienne permanente n’est que de quelques 3 km, loin des centaines de kilomètres de visibilité sur Terre, si les reliefs et la courbure de notre planète ne nous en empêchent pas.

Une particularité qui n’a rien à voir avec la viabilité à sa surface mais qui est assez troublante : Vénus tourne dans le sens opposé à celui de la Terre… et de la majorité des planètes du système solaire. La théorie est que c’est son atmosphère qui tourne en seulement 4 jours terrestres autour de la planète, qui entraîne la rotation de sa surface, qui aurait été initialement ralentie, comme Mercure, par un effet de marée avec le Soleil.

Ces vents sont d’ailleurs à l’origine de la si constante température à la surface de la planète. Un four à chaleur tournante en quelque sorte.

Ce sens de rotation par les seuls vents est probablement la raison pour laquelle un jour sur Vénus est étonnamment plus long qu’une année.

Il faut 243 jours sur Terre pour obtenir un jour sur Vénus, et il faut à l’étoile du berger seulement 225 jours pour compléter une orbite autour du Soleil.

C’est vraiment une planète étrange sur bien des aspects.

L’absence d’eau, la température et la pression nous font penser qu’il est probablement impossible que la vie existe sur Vénus. 

Mais nous pourrions toujours être surpris, dans la mesure où il existe de la vie à des profondeurs gigantesques sur Terre, donc sous une pression absolument titanesque.

Et la présence de vie autour d’activités volcaniques sous-marines dans les abysses de nos océans, pourrait laisser penser que l’acidité des pluies et la composition de l’atmosphère n’est pas un obstacle absolu à la présence d’une forme de vie qui s’en accommoderait.

Mais outre l’absence d’eau, la température qui y règne n’est pas la même du tout, ce qui rend même une vie, même bactérienne, assez improbable.

Une des pistes qui a été envisagée, c’est que de la vie existe, mais pas à la surface. Elle serait située dans les nuages de Vénus. 

A plus de 50km de sa surface, la température et la pression sont proches de celles sur Terre.

Mais là encore, des études approfondies ont démontré que les conditions y sont là aussi trop extrêmes notamment en termes de corrosion, même pour des bactéries.

Sache que Vénus n’a pas toujours été cet enfer, en tout cas pas dès sa formation.

Elle a simplement subi un réchauffement planétaire hors de contrôle.

Alors qui sait si la vie n’a pas brièvement tenté sa chance sur notre sœur jumelle il y a quelques milliards d’années, si de l’eau liquide ne recouvrait pas tout ou une partie de sa surface.

Peut-être arrivons-nous simplement trop tard.

Alors ne perdons pas si vite espoir, il nous reste tellement à explorer encore.

Une production ASoundMR

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ASoundMR, label de productions de podcasts lancé en 2022, s’évertue à vous faire évader de votre quotidien à travers des voyages sonores. Astronomie avec ASpaceMR et évasion au travers des histoires sonores inédites avec AZenMR, notre catalogue vous permettra de voir le podcast de manière différente, en tant qu’objet sonore unique, un écrin pour votre imagination.

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